Prévention de la grippe | 17/11/2010 |
La grippe est une maladie banale, pourtant, l'hiver dernier, elle est passée au rang des grandes épidémies mondiales avec ses craintes, ses insuffisances et ses excès. Seront-nous mieux préparés l'hiver prochain ? Difficile de savoir. Il est quand même possible de tirer des conclusions et de définir la conduite la plus appropriée pour prévenir le plus grand nombre de cas et éviter les mouvements de panique inconsidérés.
La grippe saisonnière est une infection virale aiguë qui touche entre 2 et 7 millions de personnes en France chaque hiver. Elle sévit par épidémies survenant chaque année au cours de l'automne avec un pic hivernal dans les régions tempérées. Dans certains pays tropicaux, les virus grippaux circulent tout au long de l'année avec un ou deux pics au cours de la saison des pluies. Les virus en cause sont les virus influenzae classés, en fonction des protéines qui constituent leur enveloppe, en trois grands types A, B et C qui n'ont pas le même pouvoir pathogène. Les cas de grippe de type C surviennent beaucoup moins fréquemment que ceux des types
A et B. C'est pourquoi le virus C n'entre pas dans la composition des vaccins contre la grippe saisonnière.
Historique de la grippe
La grippe est l'une des maladies les plus anciennes que l'on connaisse. Décrite dès l'Antiquité et au Moyen Âge, la grippe a été identifiée comme une cause d'épidémie au fil des siècles. Au cours du XXe siècle, trois épidémies mondiales (ou pandémies) ont été recensées :
• la grande pandémie de « grippe espagnole » de 1918 provoquée par le virus A(H1N1) responsable d'environ 40 millions de morts ;
• la pandémie de « grippe asiatique » de 1957 provoquée par le virus A(H3N2), responsable d'environ 4 millions de morts dans le monde.
* la pandémie de « grippe de Hong-Kong » de 1968 provoquée par le virus A(H3N2), responsable de près de 2 millions de morts dans le monde. C'est à l'Institut Pasteur de Paris que Du-jarric de la Rivière avait rapporté en 1918 la preuve de l'existence d'un « virus filtrant » à l'origine de la grippe. Le premier virus grippal humain (type A) fut isolé en 1933, en Grande-Bretagne. Dès 1931, Goodspature avait réussi à cultiver des virus dans l'œuf de poule embryonné. Cette technique permit à deux Américains, Smith et Francis, de préparer les premiers vaccins inactivés. Mais c'est Jonas Salk, qui en 1944 prépara le premier vaccin réellement efficace, en utilisant des virus de type A, tués. Ce vaccin fut utilisé pour vacciner le corps expéditionnaire américain en Europe en 1944-1945. Deux ans plus tard, à l'Institut Pasteur de Paris, un laboratoire spécialement créé pour les recherches sur la grippe mit au point un vaccin européen avec la même technique. Pendant près de vingt ans, la vaccination contre la grippe resta assez confidentielle. En 1958, suite à la pandémie de « grippe asiatique », le virus H2N2 a remplacé dans le vaccin le premier virus A(H1N1) et des améliorations ont été apportées dans sa purification. Mais, en fait, l'époque contemporaine de la vaccination ne débute qu'après la pandémie de 1968 due au virus H3N2 sur lequel les vaccins de l'époque n'avaient aucun effet. L'OMS décide alors de renforcer les réseaux de surveillance et de prendre certaines mesures :
• en 1977, un nouveau vaccin est mis au point, combinant le virus H1N1, H3N2 et une souche B incorporée progressivement dans le vaccin depuis quelques années ;
• le réseau des groupes régionaux d'observation de la grippe (GROG) est créé en France en 1984 ;
Un vaccin toujours renouvelé
Devant les résultats des études épidé-miologiques démontrant que la vaccination diminue la mortalité chez les personnes âgées, la CNAM offre gratuitement le vaccin aux personnes âgées de 75 ans et plus en 1985, puis abaisse l'âge à 70 ans en 1989 et à 65 ans en 2000. La suite est bien connue : apparition en 2009 d'une nouvelle grippe A(H1N1) qui se propage de la même façon que la grippe saisonnière, mise au point de deux types de vaccins : vaccins avec adjuvant et vaccins sans adjuvant. Qu'ils comportent ou non un adjuvant, seuls les vaccins bénéficiant d'une autorisation de mise sur le marché qui garantit la qualité et la sécurité sont utilisés.
Transmission
Les virus se transmettent très facilement d'une personne à l'autre par voie aérienne ; les particules virales se trouvent en suspension dans l'air dès qu'une personne infectée tousse ou éternue. La contamination est plus rapide dans un milieu clos ou confiné (transports en commun, collectivités, écoles, bureaux). Le virus de la grippe peut également se transmettre par contact avec des objets (poignées de porte, téléphones...). La période de contagiosité d'une personne contaminée s'étend depuis la période d'incubation qui dure entre 1 et 3 jours jusqu'à la fin de la maladie.
Signes et symptômes
La grippe saisonnière se caractérise par l'apparition brutale d'une fièvre (> 38,5 °C) avec frissons, une sensation de malaise général, des céphalées, des douleurs musculaires et articulaires. À ce tableau s'associent des signes d'atteinte des voies respiratoires (congestion nasale, rhinorrhée, gêne respiratoire, toux sèche) et une douleur pharyngée. Des signes digestifs (nausées, vomissements, douleurs digestives) sont présents dans 1/5 des cas et peuvent évoquer une gastro-entérite. Il est courant d'observer un « V » grippal : la fièvre est élevée (39 °C-40 °C) pendant les trois premiers jours, puis baisse brutalement pendant 24 heures et remonte pendant quelques heures pour ensuite décroître régulièrement. L'évolution est le plus souvent favorable, seules l'asthénie et la toux peuvent se prolonger pendant plusieurs semaines. Dans la plupart des cas, chez un sujet sain, une grippe guérit spontanément en 4 à 7 jours. Cependant, chez les personnes les plus vulnérables, comme les très jeunes enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes, les personnes atteintes d'une maladie chronique qu'elle soit cardiaque, pulmonaire, rénale, hépatique, sanguine ou métabolique (comme le diabète), les sujets immunodéficients, la grippe peut entraîner de graves complications qui mettent en jeu le pronostic vital.
Attention à la surinfection bactérienne
La plupart des complications concernent l'appareil respiratoire et sont souvent dues à une surinfection bactérienne, mais la grippe peut également être un facteur de décompensation de pathologies sous-jacentes. Chaque année, les épidémies de grippe entraînent des hospitalisations et sont responsables de nombreux décès, principalement parmi les personnes à risque (voir ci-dessus). La grippe est, en France, la seconde cause de mortalité par maladie infectieuse (de 2 ooo à 4 ooo décès par an, derrière la pneumonie à pneumocoque). Au niveau mondial, les épidémies annuelles sont responsables d'environ trois à cinq millions de cas graves et de 250 000 à 500 000 décès.
Traitement
Le traitement est symptomatique : il associe le repos (l'arrêt de travail permet de limiter la contagion et le risque de propagation de l'infection), l'administration d'un antalgique et d'un antipyrétique et d'une hydratation en cas de fièvre élevée. Le traitement spécifique fait appel aux médicaments antiviraux qui, pris très précocement, peuvent diminuer l'importance des symptômes et la durée de l'infection et qui peuvent également prévenir la survenue de l'infection après contact avec un sujet atteint de grippe.
La vaccination antigrippale
La vaccination antigrippale est considérée comme la meilleure prophylaxie, elle assure un taux de protection de l'ordre de 60 % (jusqu'à 90 % pour la grippe saisonnière) et elle diminue significativement le nombre d'hospitalisations ainsi que la mortalité (1). Le vaccin n'est efficace qu'au bout de 10 à 15 jours, il est donc fondamental de se faire vacciner avant l'apparition des premiers cas de grippe. La vaccination assure une protection pendant un an, et la composition du vaccin change chaque année, la vaccination doit donc être renouvelée tous les ans. Deux catégories de vaccins contre la grippe seront utilisés en 2010-2011, selon l'avis du Haut Conseil de santé publique (2).
• Des vaccins trivalents vis-à-vis de la grippe saisonnière
- Pour la saison 2010-2011, l'OMS a recommandé que la souche H1N1 2009 pandémique soit incluse dans la composition des vaccins contre la grippe qui comporteront les souches :
- A/California/7/2009 (H1N1) like virus : souche différente de celle du vaccin de grippe saisonnière 2009/2010 et proche de la souche des vaccins de grippe pandémique A(H1N1) 2009 ;
- A/Perth 16//2OO9 (H3N2) : nouvelle souche par rapport au vaccin de grippe saisonnière 2009-2010 ;
- B/Brisbane/6o/2008 : souche inchangée par rapport au vaccin de grippe saisonnière 2009-2010.
La vaccination est recommandée pour les personnes de 65 ans et plus, les enfants à partir de 6 mois et les adultes présentant des facteurs de risque, les enfants de plus de 6 mois infectés par le VIH, l'entourage familial des nourrissons de moins de 6 mois présentant des facteurs de risque de grippe grave et les professions à risque : professionnels de santé ou tout professionnel en contact régulier et prolongé avec les sujets à risque.
Des vaccins monovalents contre la grippe A(H1N1)2009
Le Haut Conseil de santé publique l'estime utile pour les femmes enceintes et pour certaines pathologies.
MESURES D'HYGIÈNE AVANT TOUT
Comme pour beaucoup de maladies infectieuses, l'hygiène est la première forme de prévention de la contagion en période épidémique :
> se laver les mains soigneusement plusieurs fois par jour, au savon,
et surtout après tout contact physique ou direct avec une personne infectée ou s'occupant d'un malade, ou avec des objets et des surfaces potentiellement contaminées par le virus ;
> éviter les contacts rapprochés avec Ses personnes malades, en particulier pour les personnes à risque ;
> se protéger et protéger les autres des projections (buccales ou nasales), se moucher ou éternuer dans des mouchoirs en papier jetable (à jeter dans une poubelle fermée par un couvercle) et aussitôt se laver les mains ;
> Éviter toute atmosphère confinée.
> Aérer régulièrement les pièces.
SURVEILLANCE DES VIRUS GRIPPAUX ET DE LA GRIPPE
Sur le plan international, l'OMS coordonne les différents centres nationaux de référence de surveillance de la grippe. Sur le plan européen, l'Institut de veille sanitaire (InVS) a la responsabilité de la surveillance de la grippe. Cette surveillance est assurée par deux réseaux :
> le Réseau national téléinformatique de surveillance et d'information sur les maladies transmissibles (RNTMTJ, plus connu sous le nom de réseau Sentinelles, qui regroupe environ 500 médecins répartis sur tout le territoire français ;
> Ses groupes régionaux d'observation de la grippe CGROG) s'appuyant sur les médecins pédiatres, pharmaciens et biologistes qui réunissent des données épidémiologiques et récoltent les souches du virus.
Une information régulière sur la grippe : www.invs.sante.fr
Auteur : Docteur Micheline Fourcade
Avec l'aimable autorisation de Pharma Référence
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