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Herboristerie éco-médecine 09/04/2011

Pour les éco-médecines, comme pour le yoga, l'homme représente une unité corps esprit en lien avec son environnement. Comme la médecine ayurvédique, les éco-médecines prennent en compte le terrain du patient et visent à restaurer son équilibre en ayant, avant tout, recours à des traitements naturels. Malgré l'engouement du public pour cette approche, la bonne santé par les plantes reste maltraitée, particulièrement en France.

 

Le renouveau des herboristes

 

Le nombre des personnes déçues par les médicaments allopathiques est en augmentation constante. Nul n'ignore aujourd'hui les effets secondaires lourds, parfois destructeurs, des médicaments de synthèse. C'est pourquoi, l'on en revient à l'utilisation des plantes pour leurs propriétés médicinales. Elles vont nous aider à préserver notre vitalité, nos principales fonctions physiologiques et nous permettre de conserver, voire à recouvrer une bonne santé. Au même titre que les postures de yoga, elles constituent un outil intéressant dans la mesure où l'on apprend à les connaître et à se connaître. Cette approche est l'un des piliers du nouveau concept d'éco-médecine.

 

En 2009, à l'heure du règne de l'industrie des remèdes synthétiques et de l'avènement de l'ère des substances modifiées, les plantes médicinales continuent de susciter une attraction réelle et manifeste, d'ailleurs largement exploitée par les acteurs du marketing des grands circuits de production, transformation ou distribution. « Dans le système de soins de nos pays développés, le territoire naturel de la plante médicinale représente environ 80 % de la pathologie rencontrée en médecine de ville », selon le Dr Jean-Michel Morel, chargé de cours au D.U. de phytothérapie de Besançon. L' inquiétude du plus grand nombre quant au devenir de nos sociétés n'est sans doute pas étrangère à cet engouement pour les plantes, remèdes naturels, accessibles, peu onéreux et dont le recul d'usage souvent très ancien a pu valider une relative innocuité. Le nombre d'accidents consécutifs à l'usage des plantes reste extrêmement faible. Dans le même temps, la iatrogénie médicamenteuse serait responsable d'environ 144 000 hospitalisations chaque année (AFSSAPS, 2007). Un rapport ministériel, le « rapport Queneau» (1998) évalue à entre 4 % et 15 % le nombre de malades hospitalisés relevant d'une iatrogénie médicamenteuse (principalement les tranquillisants et les médicaments à visée cardio-vasculaire) et à 20 000 les décès annuels liés à ces pathologies.

 

Dans ce contexte, on pourrait penser que les Simples (1) devraient occuper une place majeure dans notre système de soins primaires. La tisane traditionnelle est une forme qui offre de bonnes conditions de sécurité et de qualité d'emploi pour les plantes médicinales lorsqu'elles sont délivrées par des personnes compétentes telles que les herboristes correctement formés.

 

Des enjeux multiples

 

Du secteur industriel de l'agro pharmaceutique aux petits producteurs bio, du rayon de la pharmacie aux boutiques diététiques, de la grande distribution aux marchés de pays, de la haie jusque sur Internet, les Simples font l'objet d'enjeux économiques, juridiques, éthiques et écologiques. Dans ce débat, les acteurs les plus petits et les plus faibles -professionnels ou consommateurs-risquent d'être évincés. La délivrance au public des plantes médicinales ou aromatiques est aujourd'hui globalement segmentée en deux « marchés » légaux. 2. Le secteur médicinal revient en exclusivité aux pharmaciens via le monopole de la quasi-totalité des espèces et du droit exclusif de donner des indications thérapeutiques (article L.4211-1 du Code de la santé publique). Mieux, il y a "un monopole dans le monopole", avec la suprématie d'un acteur unique, le laboratoire Arkopharma. 2. Le secteur des compléments alimentaires qui revient petit à petit à l'industrie agro-alimentaire et la grande distribution via le système normatif d'autorisation de mise sur le marché, système lourd et coûteux qui entraîne progressivement les individus et les petites structures vers l'illégalité ou la disparition.

 

Pour une économie locale

 

Alors qu'on s'inquiète de l'érosion de la biodiversité, des ressources naturelles et des savoirs locaux partout à travers le monde, une pratique qualitative, écologique, économe de la production et de la délivrance des Simples, caractérisée par la proximité des acteurs (producteurs, distributeurs et consommateurs), ne devrait-t-elle pas être soutenue et encouragée par le pouvoir politique ? Le moment ne serait-t-il pas venu de rétablir un diplôme supprimé il y a 70 ans, et de réhabiliter une profession attendue par un nombre croissant de français ? N'y-aurait-t-il pas un espace souhaitable entre une « herboristerie clandestine » qui serait un recours ultime et incertain pour des réfractaires ou des « incurables délaissés» qui ne voudraient pas ou plus de la médecine ou de la pharmacie académiques et une « herboristerie d'officine », de marketing et de masse, dont le droit de cité passe peu à peu par l'allégeance aux lois du marché et ses risques inhérents ? Notre société est-t-elle capable de redonner une place à un herboriste, justement défini par R. Garetta (2) : « il oscille entre un langage de la modernité et de la raison et une approche des plantes qui fait de lui un médiateur privilégié entre les « secrets » de la nature et ce que l'homme, qui se sent lui même appartenir à cette nature, a de plus précieux : sa santé».

 

(1) Simple est un mot qui apparaît au XlVe siècle. Il désigne alors un médicament constitué d'une seule substance, par opposition aux mélanges alambiqués de la médecine savante. Il finira par s'appliquer uniquement aux plantes médicinales (P. Lieutaghi Les simples entre nature et société)

 

(2) Garetta R., 1995, l'herboriste, Mémoire D.E.A d'Anthropologie sociale et historique de l'Europe, Université Toulouse-Il, le Mirail

 

Auteur Thierry Thévenin (*)

Avec l'aimable autorisation de la Revue Santé Yoga

 

(*) Thierry Thévenin est cueilleur-herboriste, formateur en herboristerie, animateur de stages, président du Syndicat des simples.
 

 



Michel  Chauvet
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